Eurocommissaris Tajani: 'snel duurzame visie op transport nodig' (fr)

Antonio Tajani

Vice-Président de la Commission Européenne

Le futur de la politique des transports

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La Réunion Informelle des Ministres des Transports de l'UE

Stockholm, 21 sept. 09

Le 17 juillet dernier, la Commission a adopté une Communication sur quel avenir durable pour les transports. C’est avec grand plaisir que je vous présente ce soir ce document.

La Communication est en même temps un document de stratégie, qui offre une vision sur les transports de demain, et un document de consultation.

C'est la fin de la première étape dans un processus qui amènera la prochaine Commission à traduire cette vision en mesures concrètes et à présenter un nouveau Livre Blanc en 2010.

La vision

La vision que porte cette Communication, c'est de rendre le transport durable. Comme vous le savez, le concept de « durabilit? implique un équilibre entre trois aspects : l'économie, le social et l'environnement.

Aujourd'hui, le transport est un secteur majeur très important de l'économie. Il représente une composante très importante de l'économie européenne et est un facteur de liberté. En effet, l'industrie du transport représente environ 7% du Produit National Brut et 5% des emplois dans l'Union. A mon avis, le défi du futur est de garder le transport au centre de l'économie européenne.

La question n'est pas comment promouvoir moins de transport; mais au contraire comme répondre aux défis futurs avec un système de transport meilleur.

Parmi ceux qui ont déjà répondu à la consultation, certains auraient souhaité que l'on accorde plus d'attention à l’un ou l’autre de ces aspects : c’est une question de sensibilité, mais je ne crois pas que les divergences soient inconciliables.

La nature de nos défis est telle qu'aujourd’hui il n’y pas de contradiction forte – « trade-off » on dirait en Anglais – entre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux :

Eliminer la dépendance presque totale du transport au pétrole est nécessaire non seulement pour réduire les émissions de CO 2, mais aussi pour permettre au secteur et à toute l’économie de mieux absorber les effets d’une future hausse des prix et les conséquents impacts socio-économiques.

Une meilleure intégration des modes facilite le report modal mais réduit aussi les coûts de congestion pour les opérateurs de transport.

L'avenir de notre industrie et les perspectives pour l’emploi en Europe dépendent largement de la maîtrise des nouvelles technologies environnementales.

Pour moi, la vraie question aujourd’hui n’est pas s'il faut accorder plus de priorité à la lutte contre le changement climatique ou à la crise économique, mais quel est notre niveau d’ambition et de détermination pour préparer le système des transports aux défis de demain.

Regardons-les ces défis: vieillissement, migration, changement climatique, épuisement du pétrole, urbanisation et tendances globales (je pense à la croissance de la population mondiale, à la Chine et à l’Inde). Chacun de ces éléments est un formidable facteur de changement. A n'en pas douter, la société de demain sera très différente de la nôtre.

Le système des transports doit aussi se transformer. Nous ne sommes pas dans un scenario d’évolution mais de rupture. Les décisions nous allons prendre ensemble dans les mois à venir vont influencer les prochaines 30-40 années. Pensez un moment à l'ouverture du Canal de Suez en 1869, cette infrastructure de transport a influencé et continue à influencer le futur de l'Asie et le transport des marchandises au niveau mondial.

J’ai proposé trois priorités pour entamer cette transformation :

Priorité 1 – L’intégration des modes

Dans le passé, chaque mode de transport a vu son réseau se développer sans tenir compte des autres modes. Il est à présent indispensable de renverser cette tendance. Seule l’intégration permet de profiter pleinement du potentiel de chaque mode. L’usager, soit des services passagers, soit des services fret, doit pouvoir emprunter avec facilité plusieurs moyens de transport dans son déplacement.

A travers la révision des RTE-T nous devons commencer à établir un réseau qui dispose de connexions appropriées, de plateformes intermodales efficaces, de systèmes d’information et de tarification intégrés. Je me demande si on ne devrait peut-être pas réfléchir à la création d’un réseau prioritaire (« core network ») caractérisé par l’adoption de la technologie ITS la plus avancée, une information et une transparence complètes (par exemple sur la disponibilité des sillons), des procédures administratives simplifiées, des systèmes de tarification harmonisés et des outils de tarification interopérables. En d’autres mots : le réseau RTE-T prioritaire peut-il devenir un espace où tous les acteurs du transport s’engagent à adopter et à appliquer les meilleures pratiques?

Il faut aussi réfléchir a comment utiliser de manière optimale les infrastructures existantes afin de répondre à l'augmentation future du trafic et de la congestion. Lorsque cela s sera justifié par le volume de trafic, il pourrait aussi devenir nécessaire d'identifier des corridors prioritaires soit pour le fret soit pour les passagers.

L’intégration des modes requiert aussi l’inclusion dans le système des prix de l’ensemble des coûts engendrés par les transports, y compris les coûts externes. C’est un pas difficile mais nécessaire. Le passage à la voiture électrique réduira les recettes des accises sur le pétrole. Il faut trouver d’autres ressources pour les transports et il faut le faire en donnant aussi de bons signaux de prix aux usagers.

Enfin, un réseau bien planifié doit aussi tenir compte de nos échanges avec les pays tiers. En premier lieu, nous devons améliorer les liaisons avec nos voisins d’Afrique et d’Orient si l’on veut favoriser le développement économique de toute la région y compris l’économie de nos pays. Vu l’importance croissante du secteur, ça ne m’étonnerait pas que le transport devienne l’un des piliers de la politique extérieure des prochaines années.

C'est pour cela que j'ai décidé de consacrer la Conférence Ministérielle sur les Réseaux Trans-Européens de Transport de Naples du 21 et 22 Octobre prochains à la question de l'extension du réseau au pays voisins et en même temps vers le continent le plus proche de l'Europe, l'Afrique. Plusieurs d'entre vous ont déjà confirmé et je vous invite tous à participer pour écrire ensemble un page importante de l'histoire du transport en Europe.

Priorité 2 – La technologie

Venons-en à un autre aspect fondamental : la technologie. A l’avenir, le transport devra être plus propre, plus sûr, plus fiable. Nous devons trouver une source alternative pour l’alimentation des véhicules. De nouveaux acteurs se présentent aujourd’hui sur la scène économique mondiale, tels que la Chine et l’Inde. Ces pays réclament à juste titre un niveau de vie comparable à celui des pays occidentaux, entre autres en termes de mobilité. Mais ceci n’est pas possible si nous ne trouvons pas une véritable alternative au pétrole, dont notre planète ne dispose pas en quantité suffisante pour satisfaire le désir de mobilité de tous.

Comment accélérer le déploiement des véhicules propres pour relever les défis environnementaux et promouvoir l’industrie européenne? Est-ce suffisant de fixer des limites en termes d'émissions des véhicules et de financer quelques projets de démonstration ? Devrions-nous peut-être imaginer une stratégie intégrée pour le développement des carburants alternatifs qui comprenne, par exemple, la fixation de standards communs, des obligations sur la disponibilité minimale des infrastructures et des incitations harmonisées à l’utilisation des véhicules propres (taxe d’immatriculation, accès aux zones vertes, parking gratuit, etc.)? En particulier, en ce qui concerne le déploiement de la voiture électrique dans le transport urbain, il faut progresser vite et ne pas laisser le leadership mondial aux Japonais et aux Américains. C'est l'Europe qui doit mener la révolution technologique dans le domaine du transport et exporter son modèle dans le reste du monde.

Outre les questions d'énergie, il faudra aussi travailler pour améliorer la sécurité et réduire la congestion, notamment par le biais de véhicules communiquant entre eux et par des systèmes d’informations en temps réel portant sur notre trajet. Le plan d’action ITS, qui était l’objet de la conférence d’aujourd’hui, mérite tout votre attention.

Priorité 3 – Les Usagers et les travailleurs

La troisième priorité ce sont les personnes. Il est difficile d’imaginer de grandes transformations dans les transports sans une participation active des usagers et des travailleurs. L’usager doit devenir le vrai protagoniste du transport.

Que ce soit pour les passagers ou le fret, nous devons tout mettre en œuvre afin d’offrir aux citoyens européens un système de transport adapté à leurs besoins.

Nous voulons offrir aux citoyens de l’Europe de demain un système de transport où tous les usagers se sentent en sécurité. Nous voulons que la mobilité de nos concitoyens soit durable et intelligente et que les déplacements doux y jouent un rôle important. Nous voulons des transports de qualité et fiables au service des citoyens européens où les droits des passagers sont clairement établis et défendus.

Nous voulons aussi offrir des emplois de qualité. Dans l’avenir il y aura une demande croissante, par exemple du secteur maritime ou de la logistique, pour de travailleurs qualifiés. Ce sont des opportunités à exploiter. En même temps, il aura aussi des importants changements dans le marché du travail suite à la concurrence mondiale accru et à l'innovation et je crois que l'instrument du dialogue social entre travailleurs et entreprises de transport et de la formation du personnel joueront un rôle clef pour faciliter une adaptation.

Le chemin vers le Livre Blanc

Il est essentiel de traduire ces visions et ces priorités en mesures concrètes. Mes services travaillent déjà à la rédaction du prochain Livre Blanc sur les Transports, qui devrait voir le jour en 2010 et qui va identifier un programme d’action pour les prochaines dix années.

La rédaction d’un Livre Blanc est un processus délicat, qui engage le travail de la Commission à moyen-long terme. C’est pour cela que nous voulons nous assurer que les points de vue de tout le monde sont pris en compte.

Mes services travaillent à présent sur la quarantaine de contributions que nous avons déjà reçues dans le cadre le cadre de la consultation publique qui est ouverte jusqu’au 30 septembre.

Une deuxième conférence à haut niveau des stakeholders aura lieu le 20 novembre. La conférence sera l’occasion à la fois de présenter les résultats de la consultation publique et de discuter de l’avenir des transports avec toutes les parties concernées.

Nous comptons sur votre apport et celui du Parlement Européen. Sous l’égide de la Présidence Suédoise, le Conseil contribuera de façon substantielle à guider le travail de la Commission. J’espère recevoir votre appui pour une politique des transports forte et ambitieuse.